Путешествие в Арзрум во время похода 1829 года

Приложения к путешествию в Арзрум
I. Otice Sur La Secte Des Yézidis*
Entre les sectes nombreuses que se sont élevées dans la Mésopotamie, parmi les Musulmans, après la mort de leur prophète, il n’en est aucune qui soit odieuse à toutes les autres autant que celle des Yézidis. Les Yézidis ont pris leur nom du scheikh Yézid, auteur de leur secte, et ennemi déclaré de la famille d’Ali. La doctrine dont ils font profession, est un mélange du manichéisme, du mahométisme et de la croyance des anciens Perses. Elle se conserve parmi eux par tradition, et est transmise de père en fils sans le secours d’aucun livre: car il leur est défendu d’apprendre à lire et à écrire. Ce défaut de livres est sans doute la cause, pour laquelle les historiens Mahométans ne parlent de cette secte qu’en passant, et pour désigner sous ce nom des gens abandonnés au blasphême, cruels, barbares, maudits de Dieu, et infidèles à la religion de leur prophète. Par une suite de cela on ne peut se procurer, relativement à la croyance des Yézidis, aucunes notions certaines, si ce n’est ce qu’on observe aujourd’hui même parmi eux.
    Les Yézidis ont pour premier principe de s’assurer l’amitié du Diable, et de mettre l’épée à la main pour sa défense. Aussi s’abstiennent-ils non-seulement de le nommer, mais même de se servir de quelque expression dont la consonnance approche de celle de son nom. Par exemple un fleuve se nomme dans le langage ordinaire schatt, et comme ce mot a quelque léger rapport avec le mot scheïtan, nom du Diable, les Yézidis appellent un fleuve avé mazen, c’est à-dire grande eau. De même encore les Turcs maudissent fréquemment le Diable, en se servant pour cela du mot nal, qui veut dire malédiction; les Yézidis évitent avec grand soin tous les mots qui ont quelque analogie avec celui-là. Ainsi au lieu du mot nal qui signifie aussi fer de cheval, ils disent sol, c’est-à-dire, semelle de souliers d’un cheval, et ils substituent le mot solker, qui veut dire savetier, au terme du langage ordinaire nalbenda, qui signifie maréchal. Quiconque fréquente les lieux qu’ils habitent, doit être très-attentif à ne point prononcer les mots diable et maudit, et surtout ceux-ci, maudit soit le diable; autrement il courrait grand risque d’être maltraité, ou même tué. Quand leurs affaires les attirent dans les villes Turques, on ne peut pas leur faire de plus grand affront que de maudire le diable devant eux, et si la personne qui a eu cette imprudence vient à être rencontrée en voyage par des Yézidis et reconnue, elle est en grand danger d’éprouver leur vengeance. Il est arrivé plus d’une fois que des hommes de cette secte ayant été arrêtés pour quelque crime par la justice Turque, et condamnés à mort, ont mieux aimé subir leur condamnation que d’user de la faculté qui leur était accordée, de s’y soustraire en maudissant le Diable.
    Le Diable n’a point de nom dans le langage des Yézidis. Ils se servent tout au plus pour le désigner de cette périphrase, scheikh mazen, le grand chef. Ils admettent tous les prophètes et tous les saints révérés par les Chrétiens, et dont les monastères situés dans leurs environs portent les noms. Ils croient que tous ces saints personnages, lorsqu’ils vivaient sur la terre, ont été distingués des autres hommes plus ou moins, selon que le diable a résidé plus ou moins en eux: c’est surtout, suivant eux, dans Moïse, Jésus-Christ et Mahomet qu’il s’est le plus manifesté. En un mot, ils pensent que c’est Dieu qui ordonne, mais qu’il confie au pouvoir du Diable l’exécution de ses ordres.
    Le matin, à peine le soleil commence-t-il à paraître, qu’ils se jettent à genoux les pieds nus, et que tournés vers cet astre, ils se mettent en adoration, le front contre terre. Pour faire cet acte de dévotion, ils se retirent à part, loin de la présence des hommes; ils font leur possible pour n’être point vus quand ils s’acquittent de ce devoir, dont ils se dispensent même suivant les circonstances.
    Ils n’ont ni jeûnes, ni prières, et disent pour justifier l’omission de ces њuvres de religion, que le scheikh Yézid a satisfait pour tous ceux qui feront profession de sa doctrine jusqu’à la fin du monde, et qu’il en a reçu l’assurance positive dans ses révélations; c’est en conséquence de cela qu’il leur est défendu d’apprendre à lire et à écrire. Cependant tous les chefs des tribus et des gros villages soudoient un docteur mahométan pour lire et interpréter les lettres qui leur sont adressées par les seigneurs et les pachas Turcs, et pour y répondre. Relativement aux affaires qu’ils ont entre eux, ils ne se fient jamais à aucune personne d’une autre religion; ils envoient leurs ordres et font faire toutes leurs commissions de vive voix, par des hommes de leur secte.
    N’ayant ni prières, ni jeûnes, ni sacrifices, ils n’ont aussi aucune fête. Ils tiennent cependant le 10 de la lune d’août une assemblée dans le voisinage du tombeau du scheikh Adi. Cette assemblée, à laquelle beaucoup des Yézidis se rendent de contrées éloignées, dure toute cette journée et la nuit suivante. Cinq ou six jours avant ou après celui où elle a lieu, les petites caravanes courent risque d’être attaquées dans les plaines de Moussol et du Kurdistan, par ces pélerins qui voyagent toujours plusieurs ensemble, et il est rare qu’une année se passe sans que ce pélerinage donne lieu à quelque fâcheux événement. On dit qu’un grand nombre de femmes des Yézidis, à l’exception cependant des filles qui ne sont point encore mariées, se rendent des villages voisins à cette réunion, et que cette nuit-là, après avoir bien bu et mangé, l’on éteint toutes les lumières, et l’on ne parle plus jusqu’aux approches de l’aurore, instant auquel tout le monde se retire. On peut se faire une idée de ce qui se passe dans ce silence et à la faveur des ténèbres.
    Aucune espèce de nourriture n’est défendue aux Yézidis, excepté la laitue et la citrouille. Ils ne font jamais dans leurs maisons de pain de froment, mais seulement du pain d’orge; je ne sais point quelle en est la raison.
    Ils emploient pour leurs serments les mêmes formules qui sont en usage parmi les Turcs, les Chrétiens et les Juifs; mais le serment le plus fort qu’ils fassent entre eux, est de jurer par l’étendard de Yézid, c’est-à-dire, par leur religion.
    Ces sectaires ont un très grand respect pour les monastères chrétiens qui sont dans leurs environs. Quand ils vont les visiter, ils ôtent leurs chaussures avant d’entrer dans l’enceinte et marchant pieds nus, ils baisent la porte et les murs; ils croient par là s’assurer la protection du saint dont le couvent porte le nom. S’il leur arrive, pendant une maladie, de voir en rêve quelque monastère, ils ne sont pas plutôt guéris qu’ils vont le visiter, et y porter des offrandes d’encens, de cire, de miel, ou de quelque autre chose. Ils y demeurent environ un quart d’heure, et en baisent de nouveau les murailles avant de se retirer. Ils ne font aucune difficulté de baiser les mains du patriarche ou de l’évêque, qui est supérieur du monastère. Quant aux mosquées des Turcs, ils s’abstiennent d’y entrer.
    Les Yézidis reconnaissent pour chef de leur religion, le scheikh qui gouverne la tribu à laquelle est confiée la garde du tombeau du scheikh Adi, restaurateur de leur secte. Ce tombeau se trouve dans la juridiction du prince d’Amadia. Le chef de cette tribu doit toujours être pris parmi les descendants du scheikh Yézid: il est confirmé dans sa place, sur la demande des Yézidis, et moyennant un présent de quelques bourses, par le prince d’Amadia. Le respect, que ces sectaires portent au chef de leur religion, est si grand, qu’ils s’estiment très heureux quand ils peuvent obtenir une de ses vieilles chemises, pour leur servir de linceul: ils croient que cela leur assure une place plus avantageuse dans l’autre monde. Quelques-uns donnent jusqu’à quarante piastres pour une semblable relique, et s’ils ne peuvent l’obtenir toute entière, ils se contentent d’en avoir une portion. Quelquefois le scheikh lui-même envoie une de ses chemises en présent. Les Yézidis font passer secrètement à ce chef suprême une portion de tous leurs brigandages, pour l’indemniser de dépenses que lui occasionne l’hospitalité qu’il exerce envers ceux de sa secte.
    Le chef des Yézidis a toujours près de lui un autre personnage qu’ils appellent kotchek, et sans le conseil duquel il n’entreprend rien. Celui-ci est regardé comme l’oracle du chef, parce qu’il a le privilège de recevoir immédiatement des révélations du Diable. Aussi quand un Yézidi hésite s’il doit entreprendre quelque affaire importante, il va trouver le kotchek, et lui demander un avis, qu’il n’obtient point néanmoins sans qu’il lui en coûte quelque argent. Avant de satisfaire à la consultation, le kotchek, pour donner plus de poids à sa réponse, s’étend tout de son long par terre, et se couvrant il dort, ou fait semblant de dormir, après quoi il dit qu’il lui a été révélé pendant son sommeil telle ou telle décision: quelquefois il prend un délai de deux ou trois nuits, pour donner sa réponse. L’exemple suivant fera voir, combien est grande la confiance que l’on a en ses révélations. Jusqu’à il y a environ quarante ans, les femmes des Yézidis portaient comme les femmes Arabes, afin d’épargner le savon, des chemises bleues teintes avec l’indigo. Un matin, lorsque l’on s’y attendait le moins, le kotchek alla trouver le chef de la secte, et lui déclara que pendant la nuit précédente il lui avait été révélé, qui le bleu était une couleur de mauvais augure et qui déplaisait au Diable. Il n’en fallut pas d’avantage pour que l’on envoyât sur le champ à toutes les tribus par des exprès, l’ordre de proscrire la couleur bleue, de se défaire de touts les vêtements qui étaient de cette couleur, et d’y substituer des habits blancs. Cet ordre fut exécuté avec une telle exactitude, que si aujourd’hui un Yézidi se trouvant logé chez un Turc ou chez un Chrétien, on lui donnait une couverture de lit bleue, il dormirait plutôt avec ses seuls vêtements, que de faire usage de cette couverture, fût ce même dans la saison la plus froide.
    Il est défendu aux Yézidis d’ajuster leurs moustaches avec des ciseaux, ils doivent les laisser croître naturellement: aussi y en a-t-il parmi eux dont on aperçoit à peine la bouche.
    Cette secte a aussi ses satrapes, qui sont connus du côté d’Alep sous le nom de fakiran, et que le vulgaire appelle karabasche, parce qu’ils portent sur la tête un bonnet noir avec des bandelettes de même couleur. Leur manteau ou aba, est pareillement noir, mais leurs habits de dessous sont blancs. Ces gens-là sont en très petit nombre; partout où ils vont, on leur baise les mains, et on les reçoit comme des ministres de bénédiction, et des présages de bonne fortune. Quand on les appelle auprès d’un malade, ils lui imposent les mains sur le cou et sur les épaules et sont bien récompensés de leurs peines. S’ils sont mandés pour assurer à un mort le bonheur dans l’autre monde avant de vêtir le cadavre, ils le dressent sur ses pieds, et lui touchent légèrement le cou et les épaules; ensuite ils le frappent de la paume de la main droite, lui adressant en même temps ces mots en langue kourde, ara béhescht, c’est-à-dire vas en paradis. Ils sont chèrement payés pour cette cérémonie, et ne se contentent point d’une modique rétribution.
    Les Yézidis croient que les âmes des morts vont dans un lieu de repos, où elles jouissent d’un degré de félicité plus ou moins grand, en proportion de leurs mérites; et qu’elles apparaissent quelquefois en songe à leurs parents et à leurs amis, pour leur donner avis de ce qu’elles désirent. Cette croyance leur est commune avec les Turcs. Ils sont persuadés aussi qu’au jour du jugement universel, ils s’introduiront dans le paradis, les armes à la main.
    Les Yézidis sont partagés en plusieurs peuplades ou tribus, indépendantes les unes des autres. Le chef suprême de leur secte n’a d’autorité, pour le temporel, que sur la seule tribu: néanmoins, lorsque plusieurs tribus sont en différent les unes avec les autres, il est de son devoir d’employer sa médiation pour les concilier, et il est rare que les efforts qu’il fait pour cela ne soient pas couronnés d’un heureux succès. Quelques-unes de leurs tribus demeurent dans les domaines du prince Gioulemerk, d’autres dans le territoire du prince de Gézirèh; il y en a qui font leur résidence dans les montagnes dépendantes du gouvernement de Diarbékir, d’autres sont dans le ressort du prince d’Amadia. Du nombre de ces dernières est la plus noble de toutes les tribus, qui est connue sous le nom de scheikhan, et dont le scheikh, qu’ils appellent mir, c’est-à-dire, prince est le chef suprême de la religion, et le gardien du tombeau du scheikh Adi. Les chefs des villages occupés par cette tribu descendent tous d’une même famille, et pourraient se disputer la primatie, s’il survenait entre eux quelque division. Cependant entre toutes leurs peuplades, la plus puissante et la plus redoutable est celle qui habite la montagne de Singiar, entre Moussol et le fleuve Khabour, et qui est divisée entre deux scheikhs, dont l’un commande à la partie du Levant, et autre à celle du Midi. La montagne du Singiar fertile en diverses sortes de fruits, est d’un accès très difficile, et la peuplade qui l’occupe met sur pied plus de six mille fusiliers, sans compter la cavalerie armée de lances. Il ne se passe guère d’année, que quelque grosse caravane ne soit dépouillée par cette tribu. Les Yézidis de cette montagne ont soutenu plusieurs guerres contre les pachas de Moussol et de Bagdad; dans ces occasions, après qu’il y a eu beaucoup de sang répandu de part et d’autre, le tout finit par s’arranger moyennant de l’argent. Ces Yézidis sont redoutés en tout lieu, à cause de leur cruauté: lorsqu’ils exercent leurs brigandages armés, ils ne se bornent pas à dépouiller les personnes qui tombent entre leurs mains, ils les tuent toutes sans exception; si dans le nombre il se trouve de schérifs, descendants de Mahomet, ou des docteurs musulmans, ils les font périr d’une manière plus barbare, et avec plus de plaisir, croyant acquérir par-là un plus grand mérite.
    Le Grand-Seigneur tolère les Yézidis dans ses états, parce que, suivant l’opinion des docteurs mahométans, l’on doit considérer comme fidèle et vrai croyant, tout homme qui fait profession des dogmes fondamentaux il n’y a point d’antre Dieu que Dieu, et Mahomet est l’apôtre de Dieu, quoique d’ailleurs il manque à tous les autres préceptes de la loi musulmane.
    D’un autre côté les princes kurdes souffrent les Yézidis pour leur intérêt particulier: ils tâchent même d’attirer un plus grand nombre de tribus de cette nation, dans leurs domaines; car les Yézidis étant d’un courage à toute épreuve, bons soldats tant de pied que de cheval, et très-propres à faire un coup de main et à piller de nuit les campagnes et les villages, ces princes s’en servent avec beaucoup d’avantage, soit pour réduire celles des tribus mahométanes de leur ressort qui leur refusent l’obéissance, soit pour combattre les autres princes, quand ils sont en guerre avec eux. D’ailleurs les Mahométans sont dans la ferme persuasion que tout homme qui périt de la main d’un de ces sectaires, meurt martyr; aussi le prince Amadia a-t-il soin de tenir toujours auprès de lui un bourreau de cette nation, pour exécuter les sentences de mort contre les Turcs. Les Yézidis ont la même opinion relativement aux Turcs, et la chose est réciproque: si un Turc tue un Yézidi, il fait une action très agréable à Dieu, et si un Yézidi tue un Turc, il fait une њuvre très-méritoire aux yeux du grand scheikh, c’est-à-dire du Diable. Lorsque le bourreau d’Amadia est demeuré quelques années au service du prince, il quitte son emploi, afin qu’un autre puisse, en lui succédant, acquérir le même mérite; et en quelque lieu que le bourreau, après avoir résigné c’ette charge, se présente chez les Yézidis, on le reçoit avec vénération, et on baise ses mains, sanctifiées par le sang des Turcs. Les Persans au contraire, et tous les Mahométans attachés à la secte d’Ali, ne souffrent point de Yézidis dans leurs états; bien plus, il est défendu parmi eux de laisser la vie à ces sectaires.
    Il est permis aux Turcs, lorsqu’ils sont en guerre avec les Yézidis, de faire esclaves leurs femmes et leurs enfants, et de les garder pour leur propre usage, ou de les vendre; les Yézidis n’ayant pas la même permission à l’égard de Turcs, font tout périr. Si un Yézidi veut se faire Turc, il suffit, pour toute profession de foi, qu’il maudisse le Diable, et ensuite qu’il apprenne à son aise à faire les prières à la manière des Turcs: car les Yézidis reçoivent la circoncision huit jours après leur naissance.
    Tous les Yézidis parlent la langue kurde; il y en a parmi eux qui savent le turc ou l’arabe, parce qu’ils ont souvent occasion de fréquenter des personnes qui parlent l’une ou l’autre de ces langues, et à cause de l’avantage qu’ils trouvent à traiter leurs propres affaires avec plus de sûreté, en ne se servant point d’interprètes.
    Sans doute les Yézidis ont bien d’autres erreurs ou superstitions, mais comme ils n’ont aucun livre, celles que j’ai exposées sont les seules dont j’aie pu me procurer la connaissance. D’ailleurs beaucoup de choses, chez eux, sont sujettes à changer, en conséquence des prétendues révélations de leur kotchek, ce qui augmente la difficulté de connaître à fond leur doctrine.
I. Заметка о секте Езидов (перевод)
Из многих сект, возникших в Месопотамии среди мусульман после смерти их пророка, нет ни одной, которая была бы столь же ненавистна для всех прочих, как секта езидов. Имя езидов происходит от шейха Едиза, основателя их секты и заклятого врага рода Али. Учение, которое они исповедуют, есть смесь манихейства, магометанства и верований древних персов. Оно сохраняется среди них по преданию и переходит от отца к сыну без помощи какой бы то ни было книги; ибо им запрещено обучаться чтению и письму. Это отсутствие книг и есть, без сомнения, причина того, что магометанские историки говорят об этой секте лишь вскользь, называя этим именем людей, погрязших в богохульстве, жестоких, диких, проклятых богом и изменивших вере своего пророка. Вследствие этого о верованиях езидов нельзя получить никаких точных сведений, кроме того, что удастся в настоящее время наблюдать в их среде.
    Первое правило езидов – заручиться дружбой дьявола и с мечом в руках вставать на его защиту. Потому они воздерживаются не только от произнесения его имени, но даже и от употребления какого-либо выражения, близкого по созвучию к его имени. Например, река на обычном языке называется шатт, и так как это слово имеет отдаленное сходство со словом шайтан, именем дьявола, езиды называют реку аве мазен, т. е. большая вода. Точно так же турки часто проклинают дьявола, пользуясь для этого словом наль, т. е. проклятие. Езиды тщательно избегают всех слов, имеющих какое-нибудь соответствие с данным словом. И вместо слова наль, означающего также подкова, они говорят соль, т. е. подошва башмаков лошади, и заменяют словом солькер, т. е. сапожник, обычное слово нальбенда, что значит кузнец. Всякий, кто посещает места, ими обитаемые, должен очень внимательно остерегаться, как бы не произнести слов дьявол и проклятый, и особенно: будь проклят дьявол; иначе он сильно рискует подвергнуться побоям и даже смерти. Когда езиды по делам приезжают в турецкие города, нельзя им нанести большего оскорбления, как проклясть в их присутствии дьявола, а если того, кто совершил эту неосторожность, езиды встретят в пути и узнают, то он подвергается большой опасности испытать на себе их месть. Не раз случалось, что члены этой секты, схваченные за какое-нибудь преступление турецкими властями и приговоренные к смерти, предпочитали казнь предоставленной им возможности избегнуть ее, прокляв дьявола.
    У дьявола нет имени на языке езидов. В крайнем случае они называют его иносказательно: шейх мазен, великий начальник. Они признают всех пророков и всех святых, которых чтут христиане и имена которых носят монастыри, расположенные по соседству. Они верят, что все эти святые, во время своей земной жизни, были отличены от других людей в той мере, насколько в них пребывал дьявол. Особенно сильно, по их мнению, он проявился в Моисее, Иисусе Христе и Магомете. Словом, они думают, что бог повелевает, но выполнение своих повелений поручает власти дьявола.
    Утром, едва покажется солнце, они босыми бросаются на колени и, повернувшись лицом к светилу, молятся, повергаясь ниц. Для совершения этого обряда они удаляются от людей; они делают всё возможное, чтобы их не видели при выполнении этого долга, от которого они даже освобождают себя, смотря по обстоятельствам.
    У них нет ни постов, ни молитв, и, чтобы оправдать несоблюдение этих религиозных обрядностей, они говорят, что шейх Езид выполнил их за всех, кто будет исповедовать его учение, до самого конца света, и что он получил в этом положительное уверение в своих откровениях; вследствие этого-то им запрещено учиться читать и писать. Однако все начальники племен и больших селений оплачивают магометанских грамотеев, чтобы читать и разъяснять письма, адресованные им турецкими вельможами и пашами, и чтобы отвечать на них. По поводу же своих собственных дел они никогда не обращаются к человеку другой веры: все свои приказания и поручения они передают устно через людей своей секты.

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Александр Пушкин
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